Un français à l’écoute des orques !
Nous vous proposons aujourd’hui de partir à la rencontre d’un homme unique en son genre et qui fait parti du cercle le plus restreint de la sphère d’études animalière : Pierre Robert de Latour, comportementaliste des orques.
De prime abord réservé, cet expert des prédateurs suprêmes se révèle d’un enthousiasme communicatif lorsqu’il aborde sa passion née d’une « rencontre fortuite avec les orques de Norvège lors d’une compétition de pêche sous-marine » décrit-il.
Pour autant, en 20 années consacrées à leur étude, aucun incident n’a été provoqué, quelques fussent les conditions : « Je ne me suis jamais senti menacé, même en interaction très serrée. C’est un sentiment indescriptible. Il est évident qu’ils ont accès à tout ce que nous sommes, nos organes, nos pensées, nos émotions … On se sent comme déshabillés et abasourdi par tant de grâce et de bienveillance. Avoir le sentiment d’être invité dans leur monde est juste merveilleux. »
Il précise à quoi ressemble le comportement des orques vis-à-vis des humains en général : « Souvent de la curiosité. Quelques fois, quand ils sont vraiment occupés, ils restent loin de nous. Certains groupes peuvent se montrer réticents. Parfois joueurs… leur comportement est rarement le même ! Je parlerai presque d’humeur… »
Ses nombreuses heures passées dans l’eau parmi les orques l’ont convaincu de leur intelligence au sens le plus large possible : « Je n’ai jamais plongé qu’avec les orques de Norvège. Mais on peut voir passer sur la toile des vidéos d’interaction ailleurs dans le monde (Mayotte, Mexique, …). C’est hallucinant. Dans la plupart des cas, les orques font preuve d’une curiosité incroyable. Et jamais d’agressivité. A la limite, nos orques de Norvège qui nous connaissent bien sont moins curieuses et interactives. Ils ont déjà l’information de ce que nous sommes… Nous ne sommes pas la seule espèce intelligente, sensible et consciente de nous et de ce qui nous entoure. Nous n’avons pas plus de droit que ces autres espèces. »
Il poursuit sur notre devoir de protection : « Nous avons tant à apprendre d’eux. Les orques, baleines, dauphins constituent une civilisation océanique lumineuse. Les protéger et protéger le milieu dans lequel ils vivent est plus qu’un devoir, c’est dans notre intérêt. »
L’homme est un passionné engagé, qui identifie des menaces, communes à tous les prédateurs : pollutions chimiques (pesticides, métaux lourds, dégazage, marée noire, …), pollution sonore (trafic maritime, recherche pétrolière, …), plastique, réchauffement climatique. « Toutes les menaces citées ci-dessus prisent une par une mettent cette belle civilisation en danger. Les effets combinés de toutes ces menaces en même temps seront à terme ravageur. »
Comme beaucoup de scientifiques et d’experts, il déplore l’inaction de la France dans un franc parler qui brise tout sous-entendu : « On est loin du compte. Pour un pays qui se voudrait moteur sur la thématique de l’environnement, on est en retard ! Et la part belle est faite aux lobbies pour leur permettre de contourner les lois qui protègent notre environnement. »
Et qu’adviendrait-il si les orques disparaissaient ? « Un prédateur apex régule les espèces intermédiaires qui pourraient être invasives et mettre en péril la biodiversité. C’est la clé de voûte du maintien de la Vie sur Terre. »
Nous ne pouvions pas le solliciter sans lui demander son avis sur les orques en captivité, et lui avons demandé si elles avaient des comportements différents de celles en liberté : « sur les vidéos que j’ai pu voir de ce qui se passe dans les parcs, leurs comportements présentent des différences. Des comportements stéréotypés sont observés chez les captifs. Des conflits surviennent entre eux. Ce qui n’arrive pas, en tout cas avec les orques de Norvège que je connais bien. Ils se montrent parfois agressifs avec les soigneurs. Dans certains cas, les accidents sont graves ou même mortels. Cela n’arrive pas en milieu naturel quand les orques se retrouvent face à des plongeurs parfaitement à leur merci. La nage avec les orques se généralise, en Norvège mais aussi dans le monde, il y a de plus en plus de plongeurs qui ont vécu un face à face avec les orques libres, il n’y a jamais eu d’accident ». « La captivité des orques est une maltraitance. N’achetez pas de ticket », conclut-il.
Vous l’aurez compris, Pierre Robert de Latour est de ceux qui ont leur passion chevillée au corps du matin au soir et certainement en rêve. S’il a réussi à ce jour à comprendre les différents comportements des orques en Norvège, il a pour projet révolutionnaire de percer leur mode de communication, pour tout simplement comprendre ce qu’elles se disent : « Pour le moment, les activistes qui se battent pour que soient respecter ces magnifiques créatures, mais aussi toutes les espèces océaniques (tout est lié) sont une minorité. Quand nous serons en capacité de traduire leur langage, quand nous saurons ce qu’ils se disent, il apparaitra comme une évidence à tous que leur culture est d’une richesse incroyable, qu’ils sont une civilisation belle et lumineuse. Leur protection deviendra une évidence pour tous. »
Si vous ne résistez pas à l’envie de rencontrer les orques dans leur milieu naturel, Pierre Robert de Latour saura vous transmettre tout le savoir pour le faire avec le plus grand respect et dans les meilleures conditions. Comme il le fait depuis tant d’années avec l’association USEA, Orques sans frontières. Pour toutes informations supplémentaires nous vous invitons à consulter leur site sans attendre : www.useadiving.com
Crédit Photo : Tony Meyer, Valérie Gueit, Klaus Peter Harter, Laura Cavé, USEA- Orques sans frontIères- Pierre Robert de Latour
2 commentaires
Fabuleux, merci pour ce superbe témoignage qui fait frissonner… puissions-nous sauver ces magnifiques colocataires de la Terre.
Egalement passionné depuis toujours par les orques, c’est par l’intermédiaire de P.R de Latour que j’ai réalisé mon rêve de nager avec eux. Les interactions étaient nombreuses et fortes car bien amenées. L’animal a certainement ressenti le feeling. C’est très important de faire appel à un spécialiste pour à la fois être en sécurité et également et surtout respecter l’animal dans son milieu naturel. L’homme doit rester à sa place. Je recommande USEA à toutes personnes voulant approcher les orques de Norvège.
Alexandre MAIFFRET