Plongée sous marine : Les innovations bleues
Parmi les amoureux des océans, il existe une communauté de gens moitié humaine moitié…bulleuse. Il s’agit des plongeurs sous-marins et apnéistes. Ces hommes-grenouilles d’un nouveau genre, débutent cette année 2020 avec leur grande messe annuelle à l’occasion du Salon de la Plongée se déroulant à Paris du 10 au 14 janvier. L’occasion de se pencher sur ce microcosme et l’impact environnemental de cette activité mais surtout sur les nouvelles innovations qui les réduisent !
Les motivations sont diverses parmi les plongeurs : il y ceux qui plongent pour rencontrer les Némo, Dori & « friends » ; ceux qui se laissent porter par les courants comme sur un tapis roulant à haute vitesse (drift) ; ceux qui méditent sans le savoir dans le calme des grandes profondeurs ; ceux qui jouent les archéologues dans les épaves ou vont s’aventurer dans les endroits jamais découverts par l’Homme ; ou ceux étudient et restaurent les fonds marins. Nous ne parlerons pas de ceux qui ne pratiquent cela que pour la narcose… ! Évidemment il y a des centaines de raisons de plonger.
A Ambassade des Océans nous encourageons d’ailleurs chacun à franchir, ne serait-ce qu’une fois, la surface d’une mer qui regorge de choses autant didactiques qu’éblouissantes. Aller à la rencontre d’un écosystème et devenir témoin de l’impact humain sur ce dernier est une expérience qui vous convertira, à votre insu peut être, à l’océanophilie. L’amour de l’environnement marin. Cela vous marquera d’autant plus si vous découvrez des détritus sur votre passage qui ressembleront étrangement à ce que vous pouvez mettre dans votre cadi et votre poubelle in fine. Ce n’est plus un mythe lorsque l’on en est témoin. De ces constats, on se sent investi d’une plus grande responsabilité envers les écosystèmes côtoyés. L’envie de réduire son impact est augmentée par tous les moyens….
La réalité de cette intention a longtemps été marquée d’une dissonance, pour ne pas parler d’incohérence, particulièrement difficile à résonner chez cette communauté : l’impact environnementale de cette pratique. Nous ne parlons pas des plongeurs cowboys qui s’estiment être en liberté totale de ne répondre d’aucun civisme et d’aucun respect. Ce sont des extrêmes qui existent, comme dans tous les domaines et ternissent l’image d’une pratique. Un peu comme les hooligans dans le football. Nous ne parlerons pas non de ceux qui estiment que plonger, ou faire plonger, font d’eux des ambassadeurs des océans irréprochables de facto… Mais certaines pratiques, inconscientes, dirons-nous, ont suscitées l’indignation de beaucoup. Dont Longitude 181, très connues par la communauté des plongeurs, qui a réussi à promouvoir une Charte Internationale du plongeur responsable pour endiguer certaines habitudes : jeter des détritus par-dessus bord notamment. Cette charte responsabilisante a même été adoptée par plusieurs Fédérations en France, au Luxembourg, en Malaisie, en Algérie et au Québec. Un premier pas pour maitriser les pollutions strictes (déchets balancés par-dessus bord) ou même les comportements polluants, nuisibles pour la faune et la flore.
Nous ne parlerons pas de l’utilisation de matières fossiles pour les déplacements en avion et en bateau, incontournables, comme pour toute pratique de loisirs soit dit en passant. La pétrolisation (mondialisation par le pétrole) continue de maintenir les acteurs économiques de la planète sous perfusion pour n’importe quelle activité. Y compris pour celle-ci. Correction, doublement pour cette activité de plongée. Pourquoi doublement ? Parce que la plupart des équipements sont composés de matières dérivées du pétrole. Particulièrement de néoprène (de la famille des caoutchoucs). Du surf à la plongée sous-marine, en passant par toutes les autres activités aquatiques, le néoprène est devenu tout bonnement inconfortable.
Ce matériau est utilisé pour offrir une protection résistante thermique sous forme de gilets, combinaisons, gants, cagoule… Il requiert énormément d’énergie et de produits chimiques pour sa fabrication émettant beaucoup de CO2 dans le procédé de vulcanisation qui permet aux combinaisons de devenir élastiques, donc confortables. Outre sa fabrication polluante, ces produits une fois usées, sont difficilement recyclables. Voire impossible à recycler. Par ailleurs, imaginez que si les dernières recherches scientifiques affirment que l’eau mise en bouteille plastique devient polluée/contaminée par les polymères contenus dans la structure même de la bouteille, il en est de même pour ces combinaisons qui diffusent suivant la même logique, à dose homéopathiques diront certains, les polluants qu’ils contiennent ou qui ont servis à leur fabrication. Une dose homéopathique dispensée par 6 millions de plongeurs au niveau mondial. Or, peu de plongeurs admettent ce fait…
Heureusement, devant ce fléau, plusieurs équipementiers développent des innovations qui vont rendre cette pratique bien moins impactante pour les usagers mais aussi pour l’environnement. Une variété de solutions qui concerne principalement les combinaisons.
En 2016 la marque Patagonia avait développé une combinaison sans néoprène, dont la composition en caoutchouc d’hévéa naturel a atteint les 85%, limitant la part de caoutchouc synthétique, nécessaire pour optimiser la résistance aux UV et l’isolation thermique. Le choix de cette matière naturelle a non seulement pour avantage de réduire de 70% les émissions en dioxyde de carbone mais elle offre en plus une meilleure résistance. Petit plus santé ; elle est hypoallergénique (contrairement au latex). Pour parfaire sa cohérence environnementale, le polyester utilisé pour les doublures est issu de matières recyclées. Quel avantage ? Se détacher de la dépendance du pétrole en récupérant les chutes de matières qui finissent souvent en perte nette.
La marque Française Beuchat s’est quant à elle concentrée sur la fabrication de combinaison à partir de calcaire. Mais celle qui a le plus poussée sa neutralité environnementale est la marque Henderson Aquatics, avec sa combinaison Greenprene. Cette dernière est ni plus ni moins produite à partir de canne à sucre, de caoutchouc naturel, l’huile végétale et de coquilles d’huitres. 100% sans néoprène donc.
Une autre marque « made in France », Aqualung, s’évertue à réduire son impact dans l’environnement sur tous les plans, depuis 2006. Leur siège social utilise des panneaux solaires pouvant fournir jusqu’à 80% de leurs besoins en énergie pour leurs activités quotidiennes, couplé d’un système qui utilise la luminosité du soleil pour distribuer l’éclairage intérieure de leur installation. Le combat pour réduire les emballages en matière difficilement dégradable est commun à tous les fournisseurs. En ce sens Aqualung à réaffirmer au Salon DEMA d’Orlando (Floride) en novembre 2019, sa politique en la matière. Les gilets stabilisateurs et autres équipements sont livrés dans des emballages sans plastiques. Les protections pour masques traditionnellement en matières plastiques sont livrées dans un boitier réutilisable et polyvalent. Les emballages pour leurs couteaux de plongée sont également en papier carton recyclé et sans colorant non naturel.
Les développements en technologies permettent d’imaginer que les palmes, masques et tubas, composés de matières plastiques plus rigides, devraient bénéficier d’innovations prochaines pour rendre leur fabrication, leur utilisation et leur recyclage bien plus neutre pour l’environnement.
Enfin d’autres innovations permettent aujourd’hui de ne plus être un poids pour la nature. Notamment en supprimant les utilisations à outrances de solutions ultra chimiques comme l’antibuée pour les masques, dans un environnement naturel, même protégé. Les vieux briscards utilisent sans état d’âmes ni questionnement des liquides vaisselles ou des dentifrices pour nettoyer leur verre car ces produits sont dégraissants et agissent comme principe stabilisateur hygrométrique. En bref ça supprime la buée. Sachant que cette opération de désembuage doit se répéter avant chaque plongée, cela n’est pas très propre pour l’environnement, surtout pour le dentifrice : rappelons que deux tiers des dentifrices dans le commerce contiennent le même dioxyde de titane que les crèmes solaires, ultra-nocif pour les coraux. Et comme on l’a déjà dit ailleurs, si ce n’est pas bon pour les coraux, on peut imaginer que ce n’est pas bon pour l’humain. Pourtant des alternatives éthiques existent. L’utilisation d’une poudre de charbon de bambou activé, ou d’argile, mélangée avec de l’eau salée se révèle être bien plus économique et neutre pour l’environnement. Encore faut-il savoir que ces alternatives possèdent ces propriétés anti bactériennes & détergentes et absorbantes d’humidité. Le tout est que ces solutions puissent être diffusées plus largement… se démocratiser.
Une innovation motive toujours d’autres innovations autour de cette même première. C’est Le principe d’essaim d’innovations technologiques. Il se manifeste aujourd’hui dans tous les secteurs de la vie. Y compris le secteur de la plongée sous-marine ici, duquel les premiers fabricants investissent de plus en plus, ayant compris qu’il est prouvé aujourd’hui que le calcaire, la cannes à sucre, les coquilles d’huitres ou encore les algues et bien d’autres matières produites par la nature, sont moins couteux à transformer, mais aussi moins énergivore et polluants que les matières pétrochimiques. Ces nouvelles ressources-déchets permettent de produire des objets avec plus de qualité dans la durée et offrent un produit avec une nouvelle valeur ajoutée : une dégradabilité ou un recyclage optimisé. Quels avantages ? Le coût économique : les matières sont moins onéreuses à récolter, à transformer, ce qui se répercute sur le prix vente. Sauf si le fabricant veut utiliser cet argument pour augmenter sa marge… Mais l’avantage principal reste que le coût environnemental est réduit à chaque étape. Du cycle de production, à l’utilisation, jusqu’au démantèlement. C’est un énorme poids en moins à gérer pour cette dernière phase, par la société.
La capacité de l’homme à trouver des solutions qui respectent l’environnement en général dépasse le simple prisme de la survie dès lors qu’il comprend que la nature est un allié offrant beaucoup de solutions tellement plus performantes lorsqu’on sait l’observer. Une logique de biomimétisme pour les uns, de « blue economy » pour les autres. Deux approches que nous vous illustrerons durant 2020, pour que chacun des amoureux de la mer, de la nature puissent s’approprier les vertus.
Crédit image: CSG Swim Gear Ltd
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