Protection des Océans : une affaire de Femme ?
Lorsque Louis Aragon évoquait la femme comme étant l’avenir de l’homme dans son recueil de poème, il n’imaginait probablement pas comment cela se concrétiserait sur des sujets de sociétés majeurs. La santé, l’éducation, la justice, mais aussi l’environnement. Ces enjeux pour lesquels on pourrait presque dénoter un manque d’intérêt ou d’implication de la part des leaders masculins. Question de sensibilité ? Certainement. En matière de protection de l’environnement marin, le même phénomène semble opérer globalement. Et il nous appartient objectivement de saluer celles qui œuvrent en précurseuses, souvent avec une passion impalpable, en cette journée internationale des femmes !
Ingrid Visser
Un caractère ferme et une détermination à toute épreuve. Ingrid Visser fait partie des néo-zélandaises les plus connues au monde. Cette biologiste s’est distinguée en se penchant sur l’étude et le suivi des populations d’épaulards sur le secteur océanien. La scientifique a été la première personne à mobiliser les responsables politiques dans l’effort de recherche autour de cette espèce dans le monde. Ce qui lui a permis d’éditer le premier catalogue d’identification des orques en antarctique.
Si aujourd’hui elle donne des conférences sur des éco-croisières et prend plus de recul sur le suivi des espèces, elle est une femme engagée pour la protection des orques dans son pays et lutter contre la captivité de son espèce totem. En effet, face aux nombreux échouages, Ingrid Visser a établi le Orca Research Trust qui vise à assister les orques échoués pour les réintroduire, au-delà du suivi des populations et du travail de sensibilisation.
Enfin Ingrid Visser a été la première scientifique à travailler sur le projet de sanctuaire à mettre en place pour réintroduire les orques en captivité, notamment avec le projet Whale Sanctuary, promu avec le documentaire Blackfish.
Sandra Bessudo
Née à Bogota, la petite colombienne a toujours été sensible à la protection de la biodiversité. Son engagement a suivi la progression de son amour pour la plongée sous-marine. Devenu monitrice de plongée, elle a rapidement été confrontée à la destruction des habitats et des espèces marines notamment dans les eaux qui entourent l’île de Malpelo. Face aux montagnes de requins cumulés sur les bateaux de pêches. Militante pleine d’énergie, ses petites actions lui ont permises de devenir progressivement chargée de la gestion de l’aire marine protégée de Malpelo. Ses efforts et les prix obtenus dans le monde pour ses films sur la conservation des océans, ont permis de faire reconnaitre ce site comme patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Depuis les années 2000, les suivis des populations de requins marteaux indiquent qu’elles décroissent mais les efforts de protection payent sur les autres espèces : les mérous, les carangues, les sérioles. Les populations repartent.
Forte de ses résultats, la colombienne a su gravir les échelons pour s’entretenir avec les autorités et convaincre. Du prince Albert II de Monaco en expédition dans son parc jusqu’au officiels de l’Unesco, elle sait attirer l’attention sur ces espèces de requins emblématiques Malpelo. En 2010 elle s’est vue nommée Secrétaire d’Etat à l’Environnement de son pays de naissance. La France l’a décoré de l’ordre national du Mérite en 2017, en écho à sa généalogie française transmise par son père, mais surtout pour saluer le courage d’une femme souvent isolée face aux menaces de mort subies durant son combat pour protéger les requins de Malpelo.
Ellen MacArthur
Navigatrice britannique de renom, Ellen MacArthur s’est passionnée très tôt pour la voile. A l’âge de 24 ans, elle finit deuxième du Vendée Globe après Michel Desjoyeaux. Puis toujours à la recherche de challenge et de liberté, elle tente de battre le record du tour du monde à la voile en solitaire en 2005, ce qu’elle réussit en en 71 jours 14 heures 18 minutes et 33 secondes. Par la suite, elle remporte plusieurs autres courses avant de créer, en 2010, la fondation Ellen MacArthur.
Suite à ses différentes courses en mer, elle réalise que les ressources de notre terre sont limitées. Après avoir comparé les différents fonctionnements alternatifs au jetable, elle s’investit dans le développement et la promotion de l’économie circulaire. Plusieurs grands groupes industriels tel que Danon, Renault ou Ikea, rejoignent son projet en tant que partenaires et acteurs. Elle a créé un réseau nommé « Circular Economy 100 » en collaboration avec des entreprises, des pouvoirs publics et des écoles. Ce réseau permet à ses membres d’élargir leurs connaissances, développer leurs compétences sur l’économie circulaire. Sa fondation propose aussi deux autres projets : RESCOM qui aide les fabricants à tirer parti de la collecte, la réutilisation et la transformation des produits recollectés, et CIRCULARITY INDICATORS, qui fournit aux entreprise une méthode et des outils pour évaluer et faire évoluer leurs indicateurs et leur politique en matière d’économie circulaire.
En 2018 la britannique a été consacrée par la Fondation Albert 1er de Monaco, et récompensée par la Grande Médaille Albert 1er pour son engagement à protéger l’océan.
Sylvia Earle –
Elégante, ambitieuse, hyperqualifiée, douée même, communicante, Sylvia Earle s’impose encore du haut de ses 86 ans comme la sommité mondiale en matière de conservation des océans. Inspirée par Rachel Carson, une biologiste marine américaine et le Commandant Cousteau, la native du New Jersey suivra un parcours universitaire jusqu’au doctorat qu’elle associera avec sa passion pour la plongée sous-marine pour étudier la vie dans les océans.
Sa notoriété aidante et son charme irrésistible lui permettront de mener des projets impensables ailleurs, dans un environnement cloisonné par la gente masculine. Notamment a travers le projet TEKTITE II qui emmènera un groupe exclusif de femmes chercheuses vivre 15 mètres en dessous du niveau de la mer dans un habitat immergé. Un écho certain aux missions Précontinent I, II et III effectuées par les hommes du commandant Cousteau en méditerranée de 1962 à 1965, qui donne une place nouvelle aux femmes et la reconnaissance de leur savoir ! Elle établira le record profondeur en plongée scaphandre atteignant les 381 mètres sous la surface en 1979.
Après cela elle deviendra une personnalité reconnue au-delà de la sphère scientifique au point d’être invitée à s’exprimer devant le congrès américain, puis reçue à la Maison Blanche par la Première Dame, Madame NIXON. Elle deviendra conservatrice à l’Académie des sciences de Californie jusqu’en 1986. Elle participera à élaborer le système autonome du projet Deep Ocean Engineering puis du sous-marin de recherche Deep Rover qui sera capable de plonger à une profondeur de 1000 mètres. En 1990, Sylvia Earle sera la première femme nommée à la Direction de l’Institut océanographique NOAA, par le Président américain Georges Bush.
Aujourd’hui la papesse de la conservation maritime développe le programme « Mission Blue » qui vise à créer des aires marines protégées autour du globe (« hope spots ») avec l’ambition d’atteindre les 30% des océans protégés d’ici 2030. En 2018, la mission Blue avait créé 94 Hope Spots autour du monde. Avec près de 700 missions, 7000 heures de plongées, 200 publications scientifiques et 100 titres et récompenses honorifiques, Sylvia Earle est et restera la personne humaine la plus engagée pour la protection des océans.
En France ?
Non, il n’y a pas que Cousteau lorsque l’on parle du milieu marin et de la France. Il y a tellement d’autres talents. Chez les hommes, comme chez les femmes.
D’ailleurs parmi les premiers océanographes émérites français, une certaine Anita Conti qui faisait tout autant partie des pionnières aventurières pour repousser les limites de l’exploration, que visonnière pour proposer des solutions. Si dès 1939 elle tira la sonnette d’alarme quant à la surexploitation des pêcheries dans les océans, elle étudiera dès les années 1960 des systèmes de captures de poissons sélectifs pour les bateaux de pêches, et élaborera les premières cages immergées dans but de créer des exploitations aquacoles (ferme à poissons) sur la côte adriatique ou en Mer du Nord. Son travail sera récompensé et elle sera faite Chevalier de la Légion d’honneur.
Depuis plusieurs figures féminines ont émergé pour approfondir l’engagement pour la recherche et la sensibilisation générale pour la protection des Océans. Exit Annick Girardin, devenue ministre contemporaine de la mer, revoyons celles qui s’engagent aujourd’hui :
Isabelle Autissier et Catherine Chabaud ont tissé leur lien avec le grand bleu a travers la navigation et les compétitions de voile, la première est devenue présidente de la branche française de la WWF. La seconde s’est engagée très activement pour agir sur le plan politique dès 2010. Elle a été rapporteur d’un « avis sur les océans » ou organisé la Conférence Internationale sur la Gouvernance de la haute mer en 2013. En 2016 elle a été nommée déléguée à la mer et au littoral au ministère de l’environnement avant d’être élue députée européenne en 2019. Entre temps son engagement portera sur une campagne de sensibilisation grand public et institutionnelle, Océan Bien commun de l’humanité, pour mieux prendre en considération les fragilités et les richesses de l’environnement marin jusqu’en 2021. Une voie que semble emprunter Maud Fontenoy à travers sa fondation créée en 2008 et à son engagement politique en tant qu’élue de la Région PACA.
Christine Grandjean, violoniste et militante pour la libération des cétacés en captivité, elle fera ses premières armes pendant 10 ans chez Greenpeace avant de créer l’association C’est Assez ! son combat depuis 2015. Fort d’une notoriété numérique, mais aussi d’une présidente au caractère bien affirmé, l’association a su s’imposer comme parmi les références sur la question de la captivité des cétacés en France. Une campagne de 5 ans qui a permis de contrebalancer les arguments des pro captivité qui ont été pris en considération par la Ministre de l’Environnement en novembre 2020 qui interdira la reproduction des dauphins et des orques dans les parcs français à horizon 2027. Un bras de fer pour l’instant en passe d’être gagné par cette femme, sauf retournement de situation.
Enfin nous ne saurions pas oublier l’engagement d’une femme, Patricia Ricard qui depuis 1986 en tant qu’administratrice de l’Institut Océanographique Paul Ricard puis présidente depuis 2005. Ce centre émérite permet la recherche scientifique dans des domaines de biodiversité, d’environnement marin global, d’aquaculture ou de plaidoyer en faveur des océans. La franco espagnole est la référence française féminine sur les questions environnementales marines dans le monde entier.
Il y a bien évidemment encore plus de femmes émérites qui sont engagées dans la cause des océans; Fabienne Rossier, Morgane Perri, Sabine Meneut, Estelle Lefébure. Ce qui pourra faire l’objet d’un autre article. Et nous les saluons tout autant pour leur engagement et leur travail de chaque instant. Cet article vient remercier toutes celles qui ont tracé le sillon à suivre pour les acteurs de notre temps, pour transmettre cet héritage aux futures générations de femmes qui sauront faire avancer la cause avec plus de matières. L’essentiel étant de passer à l’action. Nous espérons que cet article donnera aux demoiselles d’aujourd’hui l’inspiration pour êtres les femmes pionnières de demain. En attendant l’émergence de ces talents, passez une belle journée internationale de la femme.
Crédit photos:
Ingrid Visser – Orca Research Trust
Sandra Bessudo – Fondation Malpelo
Ellen MacArthur – David Ashdown/Getty Images
Sylvia Earle – Kip Evans, Mission Blue
Christine Granjean – Huffington Post
Maud Fontenoy – Riccardo Tinelli
Patricia Ricard – Positive Planet
Isabelle Autissier – Maud Bernos
Catherine Chabaud – Benoit Stichelbaut
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