Disney World: l’exploitation des dauphins reprend
A une époque où tous les parcs animaliers en tout genre du monde entier voient s’ériger devant eux une protestation de plus en plus massive et organisée, il apparait qu’un mastodonte, pour ne pas dire mégalodon de l’industrie du divertissement arrive à passer sous les radars des associations de protections des animaux : Disney World !
De la magie au cauchemar :
D’aucun penseront que Disney est avant tout une fabrique de féérie et de contes didactiques pour enfant, ne nous y trompons pas. Il s’agit avant tout d’un prédateur mercatique sans équivalent, qui possède une stratégie commerciale qui ne laisse pas de place aux sentiments, et qui dévorent tout ce qu’il peut pour faire fructifier ses activités et les revenus de ses actionnaires sans états d’âmes.
Leur présence sur les 3 continents de l’hémisphère nord témoigne d’une réussite remarquable, mais le trouble réside dans leur super parc en Floride, qui en réalité se compose de 8 parcs thématiques à part entière, dont deux qui ont retenu notre attention :
Il y a d’abord le ‘’Disney Animal Kingdom », traduisez par « Royaume Animal », qui ne contient pas moins qu‘une vingtaine d’espèces non habituées au climat subtropical floridien : éléphants, guépards, girafes, lions, hippopotames, tigres, gorilles, suricates, zèbres, gibbons, rhinocéros, crocodiles, kangourous, flamants roses… tous mis en scène sur fond de décors inspirés du Roi Lion, comme pour faire paraitre ces animaux sauvages tels des peluches, que les visiteurs auront bien sur la possibilité d’acheter dans les boutiques souvenirs.
Puis il y a Epcot, le parc des technologies futuristes et expérimentales ouvert depuis 1982, qui propose, en plus des 6000 poissons et animaux marins en aquariums, une attraction toute particulière, le « Disney’s Dolphins In Depth » que nous traduirons par « dauphins en profondeur ». Il est proposé pour 200 dollars par personne, de passer 3 heures à découvrir comment prendre soin des dauphins, comment ils sont entrainés, échanger avec une équipe de spécialistes des mammifères marins et passer 30 minutes en interactions avec ces dauphins dans leur bassin.
Un espoir en vain :
Les associations locales et autres mouvements de libération avaient cru un moment que la fermeture de cette attraction en 2016 venait anticiper des mouvements de dénonciation montés d’un cran depuis le film Blackfish, qui dénonçait les réalités de la captivité des orques en 2013. Les mois passant sans réouverture, l’hypothèse d’une décision de cessation d’exploitation des dauphins semblait être devenue définitive.
Or, Disney a bien annoncé la réouverture de cette attraction, prévue pour le 5 juin prochain, qui était officiellement fermée pour rafraichissement. Les 4 pensionnaires que sont Ranier, Khyber, Calvin and Malabar, pourront évoluer maintenant dans des installations qui auraient nécessité de presque de deux ans de travaux de remise à niveau et de modernisation pour les mettre en format thématique du film d’animation « le Monde de Némo » .
Une stratégie et un timing marketing rusé !
Avec le recul, il est donné à n’importe quel étudiant en marketing de constater que la réouverture, mais aussi la fermeture, avaient été orchestrées depuis deux ans et demie, avec le projet de Film qui a inondé les salles de cinéma du monde entier le 28 mars 2018, avec « Blue »!
La date de sortie correspondait aux dix ans de la Disneynature, qui génère des films en faisant de la nature sauvage un « story telling », venait créditer Disney d’une intention pure de participer à l’éducation collective pour protéger les océans marins et les espèces qui y habitent.
Cependant, la tempête qui s’abattait déjà à l’époque sur le groupe SeaWorld, contraignait Disney de faire profil bas en attendant 2018…
Ambassade des Océans s’insurge devant ce mirage de philanthropie et ce double-jeu qui pourvoyait un espoir de responsabilisation et d’éducation, mais surtout prévoyait un rebond d’exploitation de ce film en attraction, au point de mettre particulièrement le dauphin en avant dans leur dossier de presse. Coïncidence !
Un Empire sans résistance !
Si les rachats des licences Star Wars – LucasFilm et Marvel, ou bien des studios Dreamworks, Pixar et Star Wars s’apparentent à du développement marketing moralement louables, c’est bien le rachat du groupe audiovisuel américain 21st Century Fox (52 milliards de dollars- 2017) qui a donné le ton dans le monde entier pour montrer que le groupe Disney franchirait tous les obstacles pour satisfaire à leur contrainte de rendement.
Si les amoureux ont déjà fort à faire devant les Seaword, Seaquarium et consorts, s’attaquer à Disney pourrait se révéler être une lutte bien plus corsée.
Le public peut influencer les choses :
L’argument éducatif, d’étude scientifique ou de recherche ne tient plus. Comment un dauphin qui a besoin de nager entre 60 et 120 kilomètre par jour pour vivre normalement peut-il être étudier dans un bassin qui ne lui permet que d’en nager 20 ?
Ce type de question doit interpeller toutes les personnes qui ont le sentiment de participer à une expérience unique tout en contribuant à l’étude sur les dauphins.
Les entités qui proposent cette « attraction » surfent avant tout sur la vague de l’émotionnel et de l’empathie du public pour l’animal. Un animal en captivité est un animal qui ne répond pas d’un comportement normal car il sera stressé et aura été déprogrammé de toute autonomie pour se nourrir et de tout instinct de survie primitif.
En définitif, il ne s’agit que d’une attraction misérable et qui abuse de la candeur des gens. Le seul moyen pour mettre fin à cette exploitation, est ne pas la solliciter, de ne pas y succomber voire ne plus fréquenter les parcs qui vivent de ces attractions.
Sources :
http://www.freethedisneydolphins.org/
http://www.allocine.fr/film/fichefilm-248292/secrets-tournage/
https://disneyworld.disney.go.com/en-eu/events-tours/epcot/dolphins-in-depth/
Crédit images : https://disneyworld.disney.go.com/en-eu/events-tours/epcot/dolphins-in-depth/