Plage propre : entre urgence et espoir
Vous est-il déjà arrivé de chercher une place sur une plage et de devoir slalomer entre les détritus pour trouver un emplacement propre ? Vous est-il déjà arrivé d’empêcher votre enfant d’utiliser des déchets en plastique trouvés sur la plage pour agrémenter son château de sable ? Vous est-il déjà arrivé de voir vos voisins de plage enfoncer leurs mégots de cigarette dans le sable ou alors de laisser des déchets sur place avant de repartir ? Nous avons tous au moins vécu une fois ce genre d’expérience. Trouvez-vous cela normal ? Si non, alors cet article ne fera que conforter votre sentiment vis-à-vis de ce type de comportement. Si oui ou si vous n’avez pas d’avis, alors vous aurez peut-être une autre vision des choses à la fin de cet article.
Avant de débuter la saison des tongs et des maillots de bain, Ambassade des Océans souhaitait faire un focus sur la pollution des plages et plus particulièrement sur le concept de « plage propre » qui émerge depuis quelques années.
La pollution des plages
En septembre 2018, nous vous avions présenté un article sur la pollution des navires qui est irrémédiablement, vous vous en doutez, l’une des causes de la pollution des plages. Nous n’allons donc pas insister aujourd’hui sur ce type de pollution, bien que conséquente, et nous vous invitons plutôt à aller lire notre article sur le sujet.
Dans cet article, nous allons plutôt nous tourner vers la pollution d’origine terrestre qui représente près de 80% de la pollution marine, avec le grand ennemi de ce siècle : le plastique !
Les chiffres sont relativement inquiétants puisqu’en 2016, la production plastique a atteint plus de 300 millions de tonnes, nombre qui pourrait être augmenté de 41% d’ici 2030. Le plus grave dans tout cela est qu’un tiers de cette montagne de plastique finit systématiquement dans la nature, avec près de 8 millions de tonnes par an dans les océans.
En 2018, l’association Surfrider, faisait un constat alarmant sur le volume de déchets ramassés sur les plages : 235 127 mégots de cigarette, 19 601 bouteilles en plastique, 19 247 bouchons de bouteille, 17 907 sacs en plastique et 8 587 cotons-tiges. Mais dans le top 10 des déchets retrouvés sur les plages, nous retrouvons aussi des bouteilles en verre, des filets de pêche, des pailles ou encore des canettes.
Connaissez-vous la durée de vie de ces déchets dans la nature ? Vous trouverez ci-dessous quelques réponses. Juste pour en souligner certains : un simple sac en plastique se décompose en 450 ans, une canette jusqu’à 100 ans, un mégot de cigarette jusqu’à 5 ans ou encore un filet de pêche en 600 ans. Des durées qui font froid dans le dos lorsque l’on se rend compte que ces déchets nous survivront pendant plusieurs générations d’êtres humains.
Quels sont les risques ?
Les risques sont multiples puisqu’ils concernent à la fois les animaux, les océans, les littoraux mais également l’Homme. Nous avons tous vu bien sûr des tortues emmêlées dans des filets de pêche ou encore des cétacés échoués sur les plages l’estomac rempli de plastique. L’horreur atteint son apogée lorsque l’on constate que certains animaux ont été obligés de modifier leur morphologie pour s’adapter à ce phénomène.
Mais les risques sont aussi pour l’Homme. Car nous ne sommes pas épargnés par cette pollution car la décomposition des déchets sur les plages se retrouve forcément un jour ou l’autre dans nos assiettes par l’intermédiaire des poissons qui les ingurgitent involontairement. Ces déchets atterrissent donc dans nos estomacs, nos intestins et notre sang, polluant notre corps dans sa globalité. Plutôt effrayant, n’est-ce pas ?
Le problème est que nous avons pris conscience bien trop tard que la gestion de nos déchets était primordiale. En France, seulement 21% des déchets sont recyclés et nous sommes dépassés devant l’ampleur de la tâche. Si l’on devait rassembler l’ensemble des déchets marins du plastique sur un seul et même endroit, on aurait l’équivalent d’un continent de cinq ou six fois la France en superficie et d’une profondeur de 4 à 5 mètres. Alors quelles sont les solutions pour tenter d’inverser la vapeur ?
Opération « Plage propre » !
Les initiatives citoyennes fleurissent un peu partout sur le littoral afin de redorer le blason de nos belles plages françaises. Il y a notamment le collectif « Plage et mer propres », organisé conjointement par le réseau des Comptoirs de la Mer et le Crédit Maritime, qui une fois par an lance des opérations de nettoyage grandeur nature des plages. Ces évènements, basés sur le volontariat, rassemblent des personnes de tout âge et de toute origine avec un seul but commun : préserver l’environnement. Le millésime 2019, avec Project Rescue Océan, qui a déjà dépassé son bilan 2018 en l’espace de 5 mois avec plus de 20 tonnes collectées sur la côte méditerranéenne. Dans la même optique, nous parlerons également de l’association Les Initiatives Océanes, parrainée par l’ancien footballeur Bixente Lizarazu, œuvrant depuis plus de 25 ans avec leur slogan « Jeter par terre c’est jeter en mer ». Voici donc deux beaux exemples d’actions civiques parmi beaucoup d’autres qui se développent énormément depuis plusieurs années.Les associations ne sont pas les seules à agir contre la pollution des plages, les collectivités y prennent part également. L’intérêt est ici bien plus tourné vers la pérennité du tourisme que vers un véritable élan écologique, mais le résultat est là et tout est bon à prendre dans notre combat contre la pollution !
Nous voyons donc émerger des plages non fumeurs par exemple et il y a bien sûr les fameuses plages « Pavillon Bleu ». Créé en 1985, le label « Pavillon Bleu » permet de garantir une bonne qualité environnementale aux usagers. Ce label est de plus en plus prisé par les villes côtières qui souhaitent véhiculer des valeurs en lien avec la préservation de l’écosystème et du littoral. Tout comme un plat surgelé estampillé « bio » sur son emballage, la plage étiquetée « Pavillon bleu » va agir comme un baume rassurant auprès des touristes.
Mais quels sont les critères pour obtenir ce label ? Ils sont au nombre de quatre :
- Education à l’environnement: mettre en place 5 actions éducatives en lien avec l’environnement, et sensibiliser les usagers par des affichages dans la commune et sur les plages.
- Gestion des déchets: instaurer un tri d’au moins 3 types de déchets sur les plages ou dans une proximité de 100 m maximum, avec des consignes de tri indiquées clairement et visibles par tous.
- Gestion de l’eau: garantir une eau de baignade de qualité avec par exemple des analyses fréquentes de la qualité de l’eau.
- Environnement général: permettre l’accès des plages aux personnes à mobilité réduite avec par exemple la création de rampes d’accès.
Aujourd’hui, 395 plages françaises sont labellisées « Pavillon Bleu » et la France n’est pas le seul pays concerné puisque le label est présent dans plus de 45 pays.
Nous vous parlerons enfin de cette loi à venir concernant l’interdiction des produits en plastique à usage unique. Grâce à un accord entre le Parlement Européen, la Commission Européenne et les Etats Membres, les pailles, gobelets, touillettes ou encore cotons tiges seront interdits d’ici 2021.
Afin de ne pas brusquer l’industrie de la plasturgie, une première mesure entrera en vigueur en 2020 pour interdire les gobelets et assiettes en plastique. Le reste des interdictions prendra effet au 1er janvier 2021. A partir de cette date, tout produit à usage unique devra être fabriqué dans des matériaux biodégradables (ex : en bambou). Cette loi représente une avancée majeure en matière de lutte contre les déchets marins puisque ces produits en plastique correspondent à 70% des déchets trouvés sur les plages. Outre l’avantage environnemental, l’intérêt économique n’est pas négligeable non plus puisque cela permettra de faire économiser 6,5 milliards d’euros de dommages environnementaux aux consommateurs.
Nous espérons que cet article vous aura été bénéfique concernant l’importance de votre impact écologique sur l’environnement. Il est primordial que nous prenions tous nos responsabilités en agissant au lieu de fermer les yeux. Nous ne pourrons plus compter sur la Chine qui absorbait près de 50% des déchets non recyclés occidentaux car celle-ci a mis fin à ces flux entrant. Une guerre des déchets que la Malaisie a intégrée suit progressivement le sillon en annonçant le renvoi de 60 conteneurs venant des USA, du Royaume Uni et de la France, d’une contenance de 3 000 tonnes de déchets, reçu sur son territoire de manière illégale. Cet été, nous comptons donc sur vous pour utiliser les poubelles et autres systèmes de tri à votre disposition sur les plages, que ce soit pour vos propres déchets ou pour ceux que vous croiserez sur votre chemin. Sans quoi le niveau de pollution ne laissera même plus de place pour une once de plaisir au bord de l’eau…
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